Bordeaux, de notre correspondante.
Samedi après-midi, place Saint-Projet à Bordeaux, elles étaient réunies «pour soutenir [leurs] hommes». Les épouses de militants cégétistes d'EADS Sogerma, spécialisé dans la maintenance d'avions, ont créé au mois d'août le collectif «des huit discriminés de la Sogerma». Leur combat ? «Briser le silence» autour de la discrimination syndicale. Elles se démènent pour leurs maris «au bout du rouleau», «humiliés pendant des années». Multiplient les conférences de presse pour attirer l'attention sur ces hommes «usés» par des carrières entravées, des salaires bloqués.
Ces femmes qui ne se connaissaient pas découvrent qu'elles ont une histoire commune. «Un vrai roman noir» pour Martine, dont le mari, «toujours énervé, ne s'occupait pas des gosses», et qui n'a eu droit qu'à une seule augmentation en trente-deux ans de maison. «Dans les années 1970, les délégués CGT ont été mutés dans le même atelier, pour ne pas contaminer les autres. Ils faisaient des corvées», renchérit Christiane. «Ils ont résisté», note Marianne, qui évoque son mari, un fraiseur, qui n'a «jamais renoncé à ses idées». Gestionnaire de chantiers avions, un autre syndicaliste, Gérard, était le plus ancien dans sa catégorie mais gagnait 574 euros de moins que la moyenne mensuelle.
Les huit salariés ont refusé les arrangements «sous le manteau» de Sogerma et ont porté l'affaire devant les prud'hommes. Ils dénoncent trente ans de discrimination et réclament entre 200 000 et 400 000 euros