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Interview

«Un risque pour le service public»

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Luc Rouban, directeur de recherche au CNRS
publié le 8 mars 2004 à 23h38
(mis à jour le 8 mars 2004 à 23h38)

Luc Rouban est directeur de recherche au CNRS-Cevipof, spécialiste de la fonction publique.

Ce projet de réforme semble découvrir le principe, pourtant ancien, du mérite dans la fonction publique...

La loi de 1983 place en effet le mérite au centre du système d'évolution des fonctionnaires, par le biais des notations et des avancements au choix. Le concours lui-même contient une dimension méritante. Le problème, c'est que la fonction publique est victime de son succès. Elle est extrêmement demandée et, du coup, les gens y sont surdiplômés par rapport à leur poste de travail. Pour les concours de catégorie B, par exemple, ouverts aux bacheliers, plus de la moitié des candidats ont au moins un bac + 3. Ce qui provoque ensuite un blocage des promotions lors des concours internes, puisque ces surdiplômés réussissent plus facilement les examens. Et passent ainsi devant les fonctionnaires au bagage plus classique, les empêchant d'évoluer. Résultat : l'administration n'assure plus sa mission de promotion sociale comme avant, générant de l'aigreur chez une partie des agents. C'est l'un des principaux défis auxquels est confrontée la fonction publique.

La solution passe-t-elle par la rémunération au mérite ?

Le projet du gouvernement s'inspire des modèles anglo-saxons des années 80, avec ses primes à la performance, une contractualisation des objectifs et une mobilité plus grande de l'encadrement. Mais, en France, les fonctionnaires appartiennent à des c