L'avis de passage trône en bonne place sur le panneau d'affichage de l'immeuble, rue Dunois, à Paris, dans le XIIIe arrondissement. Le même avis est placardé en ce moment dans d'autres arrondissements parisiens. D'un style très sobre, il annonce la visite prochaine à domicile de «votre conseiller Telecom». A la gardienne de l'immeuble, pour justifier son opération de porte-à-porte, le conseiller a sorti un joker irrésistible : «Je viens de la part de France Télécom pour vérifier si les abonnés sont contents des services de l'opérateur public.» Qui s'opposerait à pareille démarche ? Sauf que le soi-disant conseiller est un menteur.
Le jeu de piste pour le retrouver débute par le numéro de téléphone porté sur la petite affiche. Au bout du fil, une opératrice méfiante bascule l'appel vers son responsable administratif. Qui dément toute usurpation de l'identité de l'opérateur public pour faciliter ses affaires : «Nos agents sont badgés Telecom.» Et brandit, comme s'il s'agissait d'un certificat de moralité, l'appartenance au groupe Iliad (le propriétaire de l'opérateur télécom Free) : «On fait partie intégrante du groupe Iliad.»
Chez Iliad, on confirme posséder quelques pour-cent de Telecom, et on renvoie illico vers le directeur général de Telecom, Lionel Rosenberg : «Je suis un simple revendeur de minutes.» Telecom achète en gros des minutes de trafic à Iliad qu'il revend au détail en faisant du porte-à-porte. Il revendique 30 000 abonnés et vingt commerciaux maison, sans compte