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Libération

Chez Maxi-Livres, la miction est une fiction

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Des salariés d'un magasin parisien font grève pour leur droit à... uriner.
publié le 12 mars 2004 à 23h43

Pour aller aux toilettes, ils doivent prendre un couloir de métro, passer les tourniquets, traverser le hall d'entrée de la station et là, au pied de l'escalier qui mène à la lumière, c'est la libération : des toilettes à la bonne odeur de pisse, sans papier hygiénique ni savon. Depuis lundi, les trois salariés du magasin Maxi-Livres situé en sous-sol de la gare de Lyon à Paris sont en grève. Dans leur boutique, coincée dans un coin de couloir de métro, il n'y a ni toilettes ni point d'eau. 30 mètres carrés saturés de best-sellers à prix cassés sur Van Gogh ou le Kama Sutra mais rien pour boire ou se soulager immédiatement. «Parfois, j'ai tellement envie que je n'ai pas le temps de baisser le rideau et courir jusqu'aux WC, alors je pisse dans une bouteille», dit un des vendeurs. Depuis juillet, les salariés ont accès à des toilettes bien plus propres, mais payantes et toujours aussi éloignées de leur boutique. La direction leur paie un ticket par jour, 50 centimes d'euro.

Les trois salariés assurent aussi le ménage du magasin. «Pour aller chercher un seau d'eau, je fais le même trajet que pour les toilettes», explique Latifa Abed, responsable de la boutique et déléguée CGT. Dans ce couloir de métro sans aération, une poussière noirâtre se dépose sans arrêt sur les étagères de livres. «On a beau faire le ménage, on s'en met plein les mains dès qu'on cherche un ouvrage.» Des traces noires qu'elle enlève avec des lingettes, faute d'eau courante.

Pour vestiaire, les salariés bénéf