Strasbourg correspondance
«Ils ont du pot qu'on soit gentils...» Rassemblés dans le hall d'Esjot Goldenberg à Monswiller (Bas-Rhin), les salariés lisent et relisent les clauses de la convention de séquestre qui détaille les conditions d'utilisation des 7 millions d'euros que leur actionnaire, le britannique Texon, s'est engagé à verser il y a une semaine pour relancer l'entreprise, spécialisée dans l'embout de chaussures de sécurité (Libération du 3 mars). «C'est du délire», conclut Christophe Barinski, le secrétaire du comité d'entreprise, qui espérait qu'avec ce chèque prendrait fin le bras de fer engagé avec l'actionnaire gourmand. Mais Texon n'a pas l'air de vouloir faire de cadeau à sa filiale, ponctionnée à outrance depuis quatre ans, au point que son directeur de l'époque avait dû la déclarer en cessation de paiements pour la protéger. Persuadés que leur actionnaire n'a nullement l'intention de renflouer leur entreprise et de verser les 7 millions d'euros espérés, 90 % de la centaine de salariés ont organisé hier une grève tournante.
La convention subordonne le versement de l'argent à la levée du redressement judiciaire. «Ils prennent en otage le tribunal», explique un salarié. Car le 16 mars, deux juridictions devraient dire si l'entreprise était réellement en cessation de paiements. Ce que conteste Texon. La convention prévoit aussi que les 7 millions reviennent dans l'escarcelle de l'actionnaire en cas de «conflit social, de grève ou de quelque cause que ce soit, sou