Microsoft ou le procès permanent. Si la Commission européenne rend sa copie le 24 mars, après cinq ans de procédure pour abus de position dominante, elle ne fait que suivre le procès américain dont les dernières péripéties importantes datent d'à peine deux ans. Et devancer une procédure japonaise, débutée en février. «Microsoft a une telle position de force qu'il est difficile d'envisager que l'entreprise ne soit pas poursuivie de façon quasi permanente», estime François Lévèque, économiste à l'Ecole des mines de Paris.
L'entreprise a appris à vivre avec les autorités de la concurrence sur le dos et s'en accommode plutôt bien. La seule véritable menace a été écartée après l'arrivée de George W. Bush au pouvoir, quand la scission en deux entités distinctes, réclamée par le juge Jackson en juin 2000, a été adoucie en une série de remèdes techniques mineurs : promesse de donner plus d'informations aux concurrents et respect d'une équité minimale dans les contrats. L'Europe s'achemine vers le même genre d'exigences, avec les mêmes difficultés pour contrôler leur exécution. «Même si la Direction générale de la concurrence recrute des dizaines d'informaticiens, elle risque d'être toujours en retard d'un train pour débusquer les manipulations de Microsoft», fait remarquer François Lévèque. D'autant que la firme a toujours dénié aux autorités de la concurrence le droit de s'immiscer de trop près dans ses logiciels et fera appel si Bruxelles tente de lui imposer des mesures trop inter