Comme pas mal d'artistes, les DJ et les danseurs de la culture hip-hop ont du mal à vivre de leur art. Pour se faire un salaire, les DJ peuvent être animateurs en radio, mais peu d'antennes diffusent du rap, à part Skyrock. Il y a aussi les discothèques, mais la mauvaise réputation des rappeurs et du public effraie les propriétaires. Côté danse, quelques rares chorégraphes travaillent pour la télévision sur les plateaux de Michel Drucker, Lagaf, Hit Machine... ou récemment pour les comédies musicales. Mais selon Yacine Amblard, qui fait tourner régulièrement des compagnies en Europe, «c'est l'enseignement qui permet aux danseurs hip-hop d'être professionnels».
Car il n'y a pas assez de spectacles soutenus, pas assez de théâtres, de scènes qui parient sur ces compagnies pour pouvoir prétendre au statut d'intermittents. Avec son CAP d'électro-mécanicien, Gabin Nuissier, 37 ans, pionnier de la danse hip-hop en France et chorégraphe de la compagnie Aktuel Force, a été le professeur de plusieurs générations de danseurs. De 1985 à 1992, il a été salarié de la ville de Saint-Denis, en banlieue parisienne. Il était vacataire à 370 euros mensuels, assurant sept heures de cours hebdomadaires. Aujourd'hui, chorégraphe, il donne régulièrement des stages de sensibilisation avec sa compagnie lors des résidences de création.
Les DJ, eux aussi, sont profs. Dans un petit local de 10 mètres carrés à l'entrée du magasin de disques DMC dans le quartier de la Bastille à Paris, DJ Hitch enseigne l'