Les graffitis artistes ont mauvaise presse, et ce sont peut-être les acteurs de cette discipline de la culture hip-hop qui peinent le plus à vivre de leur art. Leur peinture à la bombe aérosol se voulant, dès son origine, gratuite, accessible au plus grand nombre, rares sont ceux qui acceptent les commandes des mairies ou ceux qui arrivent à vendre leur toile en galerie. Le graphisme semble, en revanche, la voie la plus professionnalisante. Après les traditionnelles pochettes d'albums pour les maisons de disques, ce sont d'autres entreprises qui font appel à eux pour vendre leur produit dans leur environnement, la rue : «Aujourd'hui, il y a des tags partout, explique Scien, du collectif 123Klan. Quand un publicitaire conçoit une affiche avec un faux graff, qui a des chances d'être collée à côté d'un vrai tag, il prend le risque d'être ridicule. Les publicitaires pouvaient le faire dans les années 80, plus maintenant. Les jeunes de 11-12 ans, on ne leur fait plus gober n'importe quoi, le graffiti fait partie de leur esthétisme.» Ainsi, depuis presque deux ans, Scien et Klor, un couple de graffitis-artistes lillois, parents de deux enfants, travaillent neuf mois par an grâce aux commandes d'entreprises américaines. Grâce à leur job saisonnier, ces deux étudiants en arts graphiques et en lettres modernes ont investi dans des ordinateurs et des logiciels à hauteur de 9 000 euros. Inscrits à la maison des Artistes, ils facturent leurs prestations aux entreprises : «Ça coûte plus
Graphisme d'argent
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par Stéphanie Binet
publié le 22 mars 2004 à 23h52
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