«On ne change pas les règles du jeu en cours de partie.» C'est l'image utilisée hier par maître Gérard Boulanger pour présenter la requête de 23 chômeurs «recalculés» d'Ile-de-France. Pour la première fois, les juges parisiens se sont penchés sur les dossiers de ces chômeurs victimes d'une diminution drastique de leur indemnisation Assedic. Cette soudaine baisse d'indemnisation est entrée en vigueur discrètement, à la suite d'une révision de la convention Unedic en décembre 2002. A l'époque, pour sauver les finances de l'organisme, la CFDT, la CGC et le Medef décident de modifier les règles d'indemnisation des chômeurs, notamment en en réduisant la durée. Certains chômeurs perdront jusqu'à huit mois d'allocation, alors même que la signature d'un Pare (plan d'aide au retour à l'emploi) leur garantissait, selon les documents des Assedic, «912 jours d'indemnisation». Cette baisse des revenus a des conséquences dramatiques.
Certains chômeurs s'étaient engagés dans des formations longues et coûteuses qu'ils ne peuvent plus suivre aujourd'hui, faute de revenus. D'autres, qui ont créé une entreprise, se retrouvent dans l'impossibilité de rembourser les banques. Les situations individuelles sont parfois inextricables, l'allocation spécifique de solidarité (ASS, plafonnée à 13,56 euros par jour, en fonction des revenus), ne permettant pas souvent de payer les loyers. D'autant que les chômeurs ont l'impression d'avoir été floués : pour eux et leurs avocats, la signature d'un Pare, puis