Harnes, envoyée spéciale.
Ils se sont reclus dans leur usine. Trop difficile d'aller parler aux journalistes massés devant la grille. La photo de Denis Normand, le magasinier qui s'est suicidé la veille au petit matin, quelques heures avant l'annonce de la mort du site pétrochimique, est entourée d'un tissu noir, accrochée aux grilles. Puis, de temps en temps, un syndicaliste sort, donner les nouvelles. Ils se sont battus pendant près de quatre mois contre la légionellose dans leur usine à l'arrêt, et, au moment où l'Etat leur donne le feu vert pour redémarrer, leur direction tergiverse. Avant d'annoncer que l'usine ne démarrera pas.
«Vendredi, on a reçu le coup de massue, mais aujourd'hui nous relevons la tête», assure Dominique Wozniak, délégué CGT. Il a pourtant l'air encore sonné. Il annonce qu'un expert comptable a été désigné par le comité d'entreprise, pour établir si le projet de plan social est conforme à la loi. Et que la CGT envisage d'attaquer ExxonMobil pour «harcèlement moral». «La direction a usé d'une méthode cynique. Pendant quatre mois on nous a menés en bateau. Le personnel a été maltraité, son honneur bafoué. On en a vu les conséquences vendredi matin. Notre collègue est parti par une porte dérobée.»
Plan social. Vendredi, le délégué syndical a avoué des «regrets. Nous avons présenté nos excuses au personnel, pour avoir été trop optimistes. La direction a utilisé le prétexte de la légionellose pour fermer l'usine». Et il accuse : «La direction a tout fait po