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Libération

Matignon en pleine contradiction

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Voilà un gouvernement libéral qui remet l'Etat en position de décideur.
publié le 27 mars 2004 à 23h58

C'est à n'y rien comprendre. Voilà un gouvernement de droite libérale, tout acquis à la cause du marché et à sa supposée efficacité en matière économique, qui se transforme en grand arbitre d'une bataille boursière entre trois groupes privés : deux français (Sanofi Synthelabo et Aventis) et un suisse (Novartis). Défendant une solution franco-française au nom de «l'intérêt national» et des «impératifs de santé publique», selon les mots prononcés par Jean-Pierre Raffarin, le 17 mars. Manifestement conscient du caractère schizophrénique de la situation, le gouvernement refuse obstinément de justifier un tant soit peu sa position. La raison du mutisme est simple : une nouvelle fois, Bercy, se retrouve en porte-à-faux avec Matignon. Ce n'est pas nouveau. Depuis deux ans, le triangle des Bermudes Mer-Raffarin-Chirac est devenu totalement impénétrable à celui qui chercherait à trouver un peu de cohérence à la politique du gouvernement vis-à-vis des entreprises françaises.

Récapitulons. Au début, tout était simple. Ce gouvernement était là pour privatiser tout ce qu'il restait à privatiser (à l'exception de la SNCF et de la RATP). Sans autre forme de justification que «l'Etat n'a pas vocation à rester au capital d'entreprises qui évoluent dans un marché concurrentiel», selon le dogme établi par Raffarin, lui-même. Francis Mer s'exécuta. Et, tel un banquier d'affaires opportuniste, vendit au gré des opportunités financières. Cela avait au moins le mérite de la cohérence : un ministre