Arles, envoyé spécial.
Tout le monde croyait à la reprise. Les dirigeants la promettaient. L'annonce de la fermeture, vendredi, n'en a été que plus brutale. Après quatre mois d'arrêt technique suite aux inondations de décembre, l'usine de riz d'Arles, d'où sortent les marques Lustucru et Taureau ailé, va définitivement fermer ses portes, laissant sur le carreau 146 employés, et 80 intérimaires. «Ils nous ont bien eus !» lâche un ouvrier à l'empaquetage, trente ans de maison derrière lui. «Après les inondations, les chefs nous ont fait venir pour nettoyer toute la merde, en nous disant que plus on se dépêcherait, plus tôt on pourrait redémarrer. En fait, ils voulaient seulement que l'usine soit accessible aux experts des assurances. Maintenant qu'ils vont toucher les sous, ils s'en vont comme des voleurs.»
Volatilisée. Une ambiance de haine sourde pèse sur le site arlésien de Lustucru. Depuis six jours, l'usine est occupée par les salariés, les drapeaux rouges des syndicats flottant aux portes des ateliers. La nuit, une demi-douzaine d'employés se relaient afin de maintenir une présence dans les locaux, inquiets d'une intervention possible des forces de l'ordre. Situation surréaliste, puisque la direction, depuis l'ultime réunion du comité d'entreprise de vendredi, s'est volatilisée. Pourtant, la lutte continue : «Notre objectif reste la réouverture de l'usine», affirme Serge Bonutti, responsable CGT, tout en comparant son combat à «l'ascension de l'Everest».
Depuis lundi, les s