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Des rouages étrangers dans l'Arve

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Les plus belles entreprises de la vallée ont été rachetées par des fonds d'investissement.
publié le 2 avril 2004 à 0h04

Vallée de l'Arve, envoyé spécial.

A Cluses, petite ville de Haute-Savoie, les traditions industrielles ont la vie dure. Il y a 200 ans, les paysans de la vallée s'étaient mis à la fabrication de rouages de montre pour les horlogers suisses. En utilisant un procédé qui consiste à enlever le cou ou «collet» des vis, et baptisé décolletage. Aujourd'hui, leurs héritiers sont toujours là. Installés le long de l'Arve, entre Annemasse et Saint-Gervais, ils ont fait évoluer la technique et dominent l'industrie française du décolletage à travers un réseau de plus de 500 petites entreprises, dont plus de 70 % ne dépassent pas vingt salariés, en produisant des pièces de précision pour l'automobile, l'armement ou l'électronique.

Hémorragie. Une belle histoire qui fait la fierté de la vallée et est retracée par le musée de l'Horlogerie et du Décolletage, situé à Cluses. Mais le mot «fin» pourrait s'écrire plus rapidement que prévu. Des fonds d'investissements étrangers rachètent à tout-va les plus belles entreprises de la vallée, depuis plusieurs années. Et font planer le risque d'une délocalisation de l'activité, si la croissance ne repart pas. En 1997, Franck et Pignard, le plus gros décolleteur du département, a été le premier à être vendu à l'américain Autocam, contrôlé par le fonds Aurora Capital Group. Et, depuis, l'hémorragie continue. En mars, c'est la société César Vuarchex, dans le giron de la même famille depuis cinq générations, qui s'est vendue à Bank of America Capital Partne