Berlin, intérim.
Bernard Thibault a eu du nez. C'est à Berlin qu'il fallait défiler samedi pour la journée d'action organisée par la Conférence européenne des syndicats (CES) en faveur des droits sociaux et de l'emploi. Jamais depuis huit ans les Allemands n'étaient descendus aussi nombreux dans les rues pour préserver leurs acquis. Avant-hier, ils étaient 250 000 à Berlin, 150 000 à Stuttgart et 100 000 à Cologne.
Sous un soleil printanier, le secrétaire général de la CGT, invité d'honneur de la Confédération des syndicats allemands (DGB) mais inconnu des manifestants de la capitale, a eu droit à son instant de gloire devant la porte de Brandebourg. Relayant les propos de son hôte, le président de la DGB Michael Sommer, qui venait d'évoquer un «signal clair lancé aux puissants», Thibault a parlé, lui, d'un «cri d'alarme» adressé aux «institutions européennes et aux gouvernements». Le patron de la CGT s'est même permis une immixtion dans la politique intérieure allemande, prévenant à mots couverts le gouvernement Schröder (qui doit affronter 13 scrutins régionaux cette année) : «Ce qui s'est passé en Espagne et en France (les législatives et les régionales perdues par la droite au pouvoir, ndlr) devrait être médité par tous les responsables politiques...» Mais, contrairement aux Espagnols et aux Français pour qui l'alternance se situe à gauche, les protestataires allemands du printemps 2004 ont de quoi être désorientés puisque c'est un gouvernement social-démocrate-écologiste