C'est une école sans profs, sans cours et sans examens, une école pour artistes diplômés mais qui n'ont pas encore «d'expérience professionnelle». A Tourcoing (Nord), le studio national des arts contemporains du Fresnoy est avant tout un bâtiment : une école aux allures de musée, avec son gigantesque escalier de gala et son toit démesuré de métal. A l'intérieur, une quarantaine d'étudiants dispersés dans le dédale du lieu, qui compte deux salles d'exposition, deux de cinéma... Et, au bout d'un escalier, le labo photo. Pull à col roulé gris camouflé sous une veste de survêt', Anna Katherina Scheidegger y travaille seule, un après-midi encore froid de mars. «Je fais des panoramiques de 5 mètres de long», dit la jeune artiste suisse. Sur son front, quelques éraflures boursouflées de rouge. La veille, un jour de vent, une tôle lui a strié le visage alors qu'elle photographiait une usine désaffectée pour son «projet».
Chaque année, l'établissement accueille 24 jeunes étudiants lestés d'une «maturité artistique». La plupart ont fait les beaux-arts, une école d'architecture ou de cinéma. Avant le plongeon dans une vie professionnelle qui s'annonce tortueuse, Le Fresnoy leur offre, sur deux ans, la possibilité de réaliser deux oeuvres «grandeur nature». Selon les canons de l'école : le premier projet doit être centré sur l'image (cinéma, vidéo, photo), le deuxième sur les technologies numériques, avec, en préoccupation permanente, le son (partenariat avec l'Ircam). Miracle des subven