«Tu veux mettre le bordel avec ta CGT ?» Au classieux café Ruc (face à la Comédie-Française, à Paris), on sait accueillir un salarié fraîchement présenté comme délégué du personnel par la CGT. Depuis que des employés réclament des élections syndicales, la pression monte dans les cuisines de la brasserie détenue par le groupe Costes, propriétaire de plusieurs lieux branchés de la capitale.
Contre Thaya, représentant CGT, la direction de la brasserie aurait tout essayé, des menaces aux promesses. «Ils m'ont proposé l'embauche dans un autre restaurant de leur groupe, pour un salaire supérieur au mien... J'ai refusé.» Finalement, selon les salariés, ce n'est pas contre lui que les pressions seront ciblées. Mais contre tous ceux qui l'approchent. «Les cuisiniers sont surveillés par des caméras, rapporte Gérard Rul, de l'union locale CGT du Ier arrondissement. La direction peut très bien savoir qui parle à notre délégué syndical...»
Grève. Le 26 mars, cinq salariés, sur la vingtaine qui travaille dans les cuisines, se mettent en grève pour protester contre les conditions de travail et demander la tenue d'élections. Le Ruc finit par en accepter le principe. Mais, le jour même, on annonce à un salarié en période d'essai qu'il est viré. Quelques jours plus tard, Gaye, cuisinier gréviste et syndiqué, reçoit une lettre de convocation pour un entretien préalable au licenciement. Un troisième a été sommé de partir, sans préavis.
Ce n'est pas la première fois que le groupe Costes est épinglé