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Libération

Eurotunnel vire de bord

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publié le 8 avril 2004 à 0h10

Il a fait le voyage des Ardennes, de Charleville-Mézières. «Tout exprès pour voter et foutre en l'air la direction», clame Vincent Rovello, gérant d'un bar. Ce qui l'indigne, forcément, c'est que ses 13 300 actions, amassées patiemment depuis 1987, valent 0,5 centime d'euro. C'est aussi que les dirigeants d'Eurotunnel prennent des salaires énormes, croit-il savoir : «Ça reste en travers de la gorge.» Surtout qu'il n'a jamais vu la couleur des voyages gratuits transmanche qu'on lui avait promis avec les titres. «Jamais vu un ticket gratuit de train, moi. Jamais rien reçu. Ma fille est allée trois fois en Angleterre, elle a toujours payé plein tarif.» C'est enfin que les Etats «ont 40 % du capital», et qu'ils n'ont qu'à intervenir. «Enfin, c'est ce qu'on m'a dit.» Qu'importe s'ils ne sont pas actionnaires. Comme chez beaucoup de petits porteurs qui ont envahi hier le parc d'Exposition de Villepinte pour l'assemblée générale d'Eurotunnel, toutes les colères et toutes les aigreurs de petits actionnaires spoliés s'expriment. Et peu importent les approximations.

A l'entrée de l'immense hangar vers lequel les paquets de petits porteurs sont acheminés en bus, un vendeur a installé un stand et harangue : «S'il vous reste 10 euros...» Il vend un tee-shirt blanc siglé : «Spolié par Eurotunnel.» On distribue aussi des autocollants : «Avec Miguet, l'actionnaire est respecté.» Nicolas Miguet, superstar du jour : c'est lui qui est à l'origine de la prise de pouvoir qui s'est jouée hier cont