Piraporá do Bom Jesus, envoyée spéciale.
Situé à une cinquantaine de kilomètres de São Paulo, le domaine Mian est sens dessus dessous. Caisses de nourriture, matelas usés, machines à laver et balluchons s'entassent à l'entrée de cette propriété de 955 hectares, détenue par l'une des plus grosses fortunes du Brésil. Venus des favelas de São Paulo, quatre cents chômeurs l'ont envahie, à l'initiative du Mouvement des travailleurs ruraux sans-terre (MST). Des étudiants sont venus se joindre à la «lutte». A la police, qui dresse le procès-verbal de l'occupation, Juliana, 28 ans, porte-parole du groupe, explique : «Cette terre est sous-exploitée. Nous réclamons son expropriation.» Le campement n'a pas encore été monté mais le drapeau rouge du MST claque déjà sur la barrière. Bientôt, on va dresser les tentes, installer l'école mais surtout cultiver la terre pour montrer qu'elle est exploitable.
La Mian est l'une des 53 propriétés envahies depuis début mars par le MST. Objectif : faire pression sur le gouvernement pour qu'il accélère la réforme agraire (lire ci-contre). Dès l'élection de Lula, son allié historique, le mouvement avait prévenu qu'il poursuivrait les occupations de terres inexploitées ou sous-exploitées «pour que la réforme agraire reste à l'ordre du jour». La victoire du leader de gauche avait suscité un tel espoir que le nombre de familles qui attendent une terre dans les campements du MST et d'autres organisations est passé de 60 000, à son entrée en fonction en janv