Menu
Libération

Lula maintient le dialogue avec les déshérités

Article réservé aux abonnés
Mais le Président doit aussi composer avec l'intérêt des grands propriétaires terriens.
publié le 12 avril 2004 à 0h12

São Paulo, de notre correspondante.

Après le Paraguay, le Brésil est le pays où la concentration de la terre, héritée de la colonisation portugaise, est la plus forte au monde : 1 % des exploitations occupent 45 % des terres arables, dont plus d'un tiers n'est pas cultivé. Créé il y a vingt ans, le Mouvement des travailleurs ruraux sans terre (MST), proche de l'Eglise, entend redistribuer la terre pour en faire bénéficier des millions de déshérités. L'ex-gouvernement (centre droit) prétend avoir installé 584 655 familles entre 1995 et 2002. Mais, selon une récente étude, ce chiffre est de 328 825.

Lula, lui, a distribué peu de terres jusqu'ici : 36 301 l'an dernier, sur les 60 000 prévues. En cause, le manque de fonds dû à l'austérité fiscale, alors que les terres sont expropriées au prix du marché. Autre problème, la justice, qui invalide les décrets d'expropriation et ne punit pas les grands propriétaires, dont les milices tuent les sans-terre. En novembre, le gouvernement avait annoncé qu'il distribuerait des terres à 400 000 familles d'ici à 2006. Alors qu'il en revendiquait un million, le MST avait accepté ce chiffre et promis de raréfier les occupations. Mais, face à «l'inertie» de Brasília, il a annoncé un «avril rouge». Sous pression, Lula a promis de multiplier par 2,6 le budget de la réforme agraire.

Dialogue. Dès l'an dernier, le Président avait doublé les crédits à l'agriculture familiale, défendue par le MST, qui la juge incompatible avec l'agrobusiness. Lula pense