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Libération

Pékin achète la paix des champs

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Le gouvernement allège la fiscalité des agriculteurs, oubliés du «miracle» chinois.
publié le 14 avril 2004 à 0h13

Pékin, de notre correspondant.

Il y a urgence à la campagne... Le mois dernier, le Premier ministre chinois, Wen Jiabao, avait annoncé la suppression, avant cinq ans, d'un impôt agricole national qui pèse sur les centaines de millions de paysans ; la semaine dernière, ce délai a été ramené à trois ans, signe de la prise de conscience, par la nouvelle équipe aux commandes à Pékin, de l'urgence d'alléger le fardeau des campagnes chinoises.

Fossé. Cet impôt de 5 % prélevé sur toutes les récoltes commerciales sera supprimé pour tous les produits à l'exception du tabac, privant l'Etat de 30 à 40 milliards de yuans (3 à 4 milliards d'euros) de recettes annuelles. L'objectif est d'augmenter le revenu agricole, qui, depuis quinze ans, croît nettement plus lentement que celui des villes, creusant un fossé qui n'a jamais été aussi grand depuis l'instauration de la République populaire, en 1949. L'an dernier, le revenu des campagnes a augmenté de 4,3 %, principalement grâce au travail des migrants dans les villes, alors que celui des citadins faisait un bond de 9,3 %.

Au pouvoir depuis un peu plus d'un an, le gouvernement a plusieurs fois affirmé que la priorité serait donnée au monde paysan, laissé-pour-compte de la croissance économique accélérée de la Chine. L'annonce de la suppression de cet impôt est le premier signe que le gouvernement entend passer à l'acte avant que la situation des campagnes ne devienne trop explosive. Des jacqueries parfois violentes ont eu lieu ces dernières an