Magdebourg, envoyée spéciale.
Lutz Trümper a attendu six ans son F1-cuisine décroché comme le gros lot en 1985. Alors professeur à l'université de Magdebourg, il se souvient de la prophétie du maire de l'époque, au jour de la réunification, en 1990 : «Nous vivrons dans dix ans dans une métropole de 500 000 habitants.» Trümper a, depuis, été élu maire d'une ville en pleine hémorragie. Les jeunes fuient un chômage qui touche plus de 20 % des actifs et il ne reste que 230 000 des 300 000 habitants recensés en 1990. La crise du logement s'est inversée ; le manque a fait place à la pléthore. 25 à 30 % des appartements sont vides.
Mégalomane. La capitale de la Saxe-Anhalt n'est pas un cas isolé mais une illustration parmi d'autres des ratés économiques et sociaux de la réunification pointés dans un rapport explosif commandé par le gouvernement (lire ci-contre). Le chômage, l'exode, le mal vivre de l'Est, y sont considérés comme les effets d'une gabegie générale dans des nouveaux Länder irrigués depuis 1990 par 1 250 milliards d'euros de subventions. Une négligence considérée comme responsable de la crise que traverse l'ensemble de l'Allemagne.
Mégalomane et enthousiaste, Magdebourg avait fait construire à tour de bras au début des années 90, exonérant d'impôts les investisseurs, bradant des terrains publics, accordant des permis par milliers. D'ici dix ans, 20 000 logements financés par l'Ouest vont être dynamités dans la ville, toujours grâce à l'argent de l'Ouest, dans le cadre d'u