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Libération

Le petit oiseau va sortir

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publié le 19 avril 2004 à 0h16

Julien, 36 ans, a testé le métier de photographe scolaire pendant deux mois.

«Pour la photo de classe, il y a la théorie et la pratique. En théorie, une classe d'environ trente élèves débarque toutes les quinze minutes, encadrée par les professeurs et surveillants. Ils sont censés défiler par ordre alphabétique pour un portrait individuel, puis poser tous ensemble. Et hop, classe suivante, à la chaîne, car il faut faire 800 élèves dans une journée. En pratique, c'est un peu différent. Depuis qu'ils ont supprimé les emplois-jeunes, il n'y a presque plus de surveillants. Les profs, eux, considèrent ça comme leur pause-café ou cigarette, donc nous laissent nous débrouiller tout seuls avec les gamins. Et c'est le bordel. On appelle les petits pour aller devant : "Eh, monsieur, je suis pas petit, moi." On leur demande d'enlever leur casquette : "Quoi, elle est très bien ma casquette." Ils foutent le bazar, ils tournent le dos, ils ferment les yeux, ils agitent des fanions de leur club de foot sur la photo, ils veulent pas être à côté d'Untel, les filles veulent pas se mélanger avec les garçons... Au début, j'essayais de faire un peu de discipline. Un jour, un surveillant m'a dit : "Laissez tomber, nous, ça fait longtemps qu'on n'essaie plus." De guerre lasse, on oublie le cadre, la pose, et on appuie juste sur le bouton.

«J'ai fait aussi les bébés dans les crèches. Là, c'est plus rigolo. J'installe le bébé sur un coussin, il faut essayer que ça tienne bien, qu'il pique pas du nez l