Le laboratoire franco-allemand Aventis, cible d'une OPA hostile de son concurrent français Sanofi-Synthélabo, n'en finit plus de se débattre. Afin de repousser son prédateur, il a déposé plainte, hier aux Etats-Unis, en arguant que les documents publiés par Sanofi-Synthélabo ne respectaient pas les normes légales. Et surtout, son patron Igor Landau s'est rendu au ministère de l'Industrie pour rencontrer Patrick Devedjian afin de plaider la cause du suisse Novartis, qui a indiqué à plusieurs reprises son intérêt pour une fusion avec Aventis sous réserve de la «neutralité» du gouvernement.
Au contraire du Premier ministre Jean-Pierre Raffarin qui avait publiquement manifesté sa préférence pour la constitution d'un champion français au nom de «l'intérêt national», Devedjian avait estimé, le 9 avril, que l'Etat se devait de «rester neutre» dans cette affaire. Avant de se faire corriger par un porte-parole de Matignon quatre jours plus tard, toujours au nom de «l'intérêt national et stratégique de ces deux sociétés». Leçon apparemment retenue : le ministère de l'Industrie se refusait hier à tout commentaire sur la rencontre entre le ministre et Igor Landau. Même silence dans l'entourage de ce dernier. Dans le camp Sanofi, on voulait hier voir là la preuve que «la position du gouvernement français n'a pas changé».
De fait, le gouvernement ne cesse d'envoyer des signaux négatifs à Novartis, sans trop s'exposer, pour ne pas risquer un procès émanant d'investisseurs estimant que l'Etat