Jean-Paul Bailly, le président de La Poste, peut se flatter d'une petite performance : la multiplication par six de ses bénéfices. De 34 millions d'euros en 2002, ils ont bondi à 202 millions en 2003. Ces résultats ont été présentés hier matin au conseil d'administration. Sitôt l'exercice achevé, chacun, du côté syndical, y est allé de son explication. Celles-ci convergent sur un point : si La Poste dégage un bénéfice, c'est à cause des suppressions massives de postes.
«Très exactement 4 668», précise Régis Blanchot, de Sud-PTT, reprenant le chiffre officiel de l'opérateur postal. Didier Rossi, responsable du secteur postal à FO, sort sa calculette : «4 668 postes à 30 000 euros la tête, cela fait près de 140 millions d'euros. Voilà d'où viennent les 202 millions d'euros de bénéfices.» Mais Didier Rossi est surtout inquiet pour les «50 000 à 60 000 suppressions de postes d'ici à 2012», parce que 120 000 postiers vont partir à la retraite et que le président de La Poste a dit «qu'il n'en remplacerait qu'un sur deux». A la CGT-PTT, Patrick Bourgeois surenchérit : «On est déjà à 20 000 départs sur 2004-2005 avec seulement 9 000 recrutements prévus.» Et les centrales de se mobiliser sur la défense des missions de service public, mises à mal par l'hémorragie des troupes. Chez Sud-PTT, on regrette que l'Etat laisse supporter à La Poste le coût de ces missions, que ce soit la présence en milieu rural ou le transport de la presse : «Si l'Etat avait compensé ces coûts, c'est 1,2 milli