Qui écoute encore Jean-Pierre Raffarin ? Pas le groupe pharmaceutique suisse Novartis, en tout cas, qui a annoncé hier officiellement qu'il acceptait de «négocier» avec le franco-allemand Aventis en vue d'une fusion entre les deux laboratoires. Et tant pis si le Premier ministre faisait encore savoir il y a quelques jours qu'il favorisait, au nom de «l'intérêt national», un rapprochement entre ce dernier et le français Sanofi-Synthélabo, à l'origine d'une OPA hostile lancée fin janvier. «Ce ne sont pas des entretiens exploratoires, mais bien des négociations», a précisé le directeur financier de Novartis, Raymond Breu, précisant qu'il n'y avait «aucune garantie de succès» pour autant. Le rapprochement entre le Suisse et Aventis donnerait naissance au n° 2 mondial du secteur, juste derrière l'américain Pfizer.
Le groupe helvète accentue la pression après plusieurs semaines d'un poker menteur particulièrement retors et avoir posé deux conditions avant de venir jouer le «chevalier blanc» pour sauver Aventis de l'offensive de Sanofi. La première était l'invitation formelle du franco-allemand, obtenue le 2 avril. La seconde était la «neutralité» de l'Etat français dans cette affaire, une exigence en apparence démesurée : dès que le nom de Novartis a commencé à circuler, l'ex-ministre des Finances Francis Mer avait signifié à son patron, Daniel Vasella, que le gouvernement ne lui était pas favorable. Dans la foulée, Raffarin et le ministre de la Santé Philippe Douste-Blazy avaient