Ce sera finalement un mariage arrangé, mais volontaire : réuni hier jusque tard dans la soirée, le conseil de surveillance du groupe pharmaceutique Aventis a accepté l'offre de rachat améliorée de son concurrent Sanofi-Synthélabo, qui vise à bâtir la troisième entreprise mondiale du secteur (lire ci-contre). Au passage, il éconduit donc le suisse Novartis, qui, lui, avait proposé une fusion jeudi dernier. Pour emporter l'adhésion de sa proie, jusque-là farouchement opposée à la noce, l'entreprise de Jean-François Dehecq a dû multiplier les concessions: un prix plus élevé de près de 15 % par rapport à son offre initiale et une répartition des postes de direction à parité dans la nouvelle entité, dont Dehecq devrait prendre la tête. Une entente obtenue après trois mois de guérilla entre les deux sociétés et, jusqu'à la dernière minute, sous l'oeil attentif du gouvernement. Hier, pendant le conseil de surveillance d'Aventis, le ministre de la Santé, Philippe Douste-Blazy, a encore rappelé sur Europe 1 que «la constitution d'un grand groupe européen est une très très bonne chose pour notre industrie».
«Trahison». L'issue amicale de cette opération est le résultat d'un long bras de fer. Quand Jean-François Dehecq, le patron de Sanofi, annonce le lancement de son OPA hostile le 26 janvier, il tente un coup de force. Numéro 15 mondial, le laboratoire affiche un chiffre d'affaires de 8 milliards d'euros, plus de deux fois inférieur à celui de sa proie. L'offensive est préparée dans l