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Libération

L'assistante passe à la caisse

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Le procès de Joyti De-Laurey, qui a détourné 6,4 millions d'euros, a mis en évidence l'insouciance des dirigeants de la banque Goldman Sachs.
publié le 26 avril 2004 à 0h21

Londres, de notre correspondant.

A la barre, l'une de ses très fortunées victimes la décrit comme «la Picasso du crime». Un chroniqueur du Guardian trouve qu'elle mérite «d'être décorée» pour avoir réintroduit dans le circuit économique de l'argent dormant. Une célèbre éditorialiste, Janet Street-Porter, estime qu'au vu de ses talents, sa place est à la tête d'une entreprise et non en prison. Pourtant, le 20 mars, la Cour royale de Southwork, au sud de Londres, a reconnu Joyti De-Laurey coupable de l'une des fraudes les plus spectaculaires de la City. La durée des peines sera connue plus tard, comme c'est souvent le cas avec la justice britannique. En deux ans, elle a dérobé à ses patrons de la banque Goldman Sachs 4,4 millions de livres (6,4 millions d'euros) sans qu'ils s'en aperçoivent (Libération du 27 janvier). Un argent avec lequel elle a acheté à profusion bijoux, vêtements de marque, voitures de luxe, et plusieurs maisons, dont une avec piscine à Chypre. Les trois mois d'audience ont jeté une lumière crue sur l'une de ses maisons les plus réputées.

A la banque britannique, Joyti De-Laurey était beaucoup plus qu'une simple secrétaire. Elle a exercé le rôle de «PA» ­ «assistante personnelle» ­ auprès de trois directeurs successifs. Une fonction très demandée dans un univers survolté où le temps est la seule denrée rare. Femme à tout faire, la «PA» se situe à mi-chemin entre la nounou, la psy et la gouvernante. Au service de Jennifer Moses et de son mari, Ron Beller, deux