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Libération

Une pigiste pigeonnée

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publié le 26 avril 2004 à 0h21

Stéphanie est journaliste pigiste. Elle a répondu à l'annonce d'un employeur bidon. Qui lui a conseillé d'aller faire le trottoir.

«Je suis pigiste depuis deux ans. Il y a un mois, l'ANPE me fait parvenir une annonce. Classique : l'entreprise News Online cherchait un journaliste en CDI pour 2 800 euros environ par mois. J'envoie ma candidature par mail. Et reçois quelques heures plus tard la réponse du directeur des ressources humaines, un certain monsieur Bernard : "J'ai vu des candidatures de merde, mais celle-là... Votre parcours professionnel est minable. News Online n'est pas un service social de la dernière chance. Vous, journaliste ? Eclats de rire. Mais bon Dieu, abstenez-vous de postuler !!!"

«Sur le coup, je n'ai pas pensé une seconde à un mauvais gag. Il n'est pas rare de recevoir des réponses, moins caricaturales certes, mais violentes ou misogynes. La conjoncture est très difficile pour les pigistes et il faut un sacré moral pour tenir. Et moi qui écrivais un article pour un mag féminin sur la confiance en soi...

«J'ai prévenu "monsieur Bernard" que j'allais faire paraître son mail sur un forum de pigistes pour les prévenir. Ni une ni deux, il me répond : "Allez voir ailleurs si j'y suis... Sale gamine. Allez donc répondre présent sur les trottoirs de la rue Saint-Denis..." De forum en forum, je me suis rendue compte que nous avions été plusieurs à nous faire avoir. Ça a fait boule de neige sur un site de pigistes (1), et tout le monde s'est mis à enquêter. Cinquan