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Libération

Vie de chien pour un maître-chien

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publié le 26 avril 2004 à 0h21

Conseil de prud'hommes de Paris, audience des référés

Au premier rang, un avocat lit un article sur les cigares ­ comment les choisir, comment les déguster. Derrière, une femme souffle : «C'est long...» Quarante-six affaires sont inscrites au rôle et la patience du président diminue à mesure que les cas défilent. «Silence, j'ai dit silence.» Un petit homme trapu, la quarantaine, pantalon noir et blouson kaki sans manches, s'approche de la barre. Face à lui, un avocat se lance : «Ce monsieur a embauché mon client, Jean-François M., suite à une petite annonce passée dans Ouest-France : "Recherche maître-chien." Ses exigences étaient les suivantes : les débutants étaient bienvenus, mais il fallait se munir d'un chien, ce qui coûte 1 500 euros, et être prêt à déménager sur Paris. Le salaire convenu était d'environ 1 500 euros par mois. Mon client a accepté. Il a acheté un chien, il s'est installé à Paris. Mais il voulait un contrat de travail. Le patron, Daniel M., ne voulait pas lui en donner. Mon client a travaillé vingt-quatre jours, plus de dix heures par jour. Comme il continuait de réclamer son contrat, l'employeur a dit : "Si c'est ça, tu rentres chez toi." Il est rentré chez lui. Il n'a touché que 900 euros. Reste 1 762 euros dus au titre de salaire, plus les frais des deux déménagements, du chien...»

L'homme au blouson multipoches soupire. Daniel M., patron de l'Agence cynophile de gardiennage A., se dit «abasourdi par le défilé de choses reprochées. J'ai effectivement e