Siemens a décidé de changer de tactique. Dans sa stratégie d'approche du français Alstom, le conglomérat allemand (présent à la fois dans les télécoms, l'énergie, les transports, les services informatiques...) avait, jusqu'à présent, sagement attendu dans l'ombre sa proie. Se contentant de distiller des menaces et des méchancetés. Un jour, l'allemand laisse entendre que son concurrent français gagne des contrats au prix d'un dumping suicidaire. Un autre, qu'il attaquera devant la Cour européenne de justice un éventuel feu vert de Bruxelles au plan de sauvetage d'Alstom concocté par le gouvernement français.
Lumière. Mais, hier, le big boss du groupe, Heinrich von Pierer, est sorti à la lumière. Bien décidé à mettre la pression. Il a profité de la publication de ses résultats financiers pour le moins médiocres (un chiffre d'affaires en recul de 2,2 % et un bénéfice en hausse à 1,21 milliard d'euros mais gonflé par 800 millions de recettes exceptionnelles) pour révéler que, lundi, à l'occasion d'une réunion à Matignon de patrons français et étrangers sur le thème de l'attractivité de l'économie française, il a eu «le grand honneur d'être placé au déjeuner près de M. Raffarin et naturellement» ce dernier lui «a parlé d'Alstom».
Cette confession a mis le camp français dans un état d'affolement généralisé. Chez Alstom, d'abord, où Patrick Kron, le patron du groupe, a été obligé d'envoyer une note interne aux salariés pour leur assurer qu'un rapprochement avec Siemens «n'est absolum