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Libération

Google rebelle aux lois du marché

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publié le 3 mai 2004 à 0h27

Washington, de notre correspondant.

A 30 ans, Sergeï Brin aime sa petite amie, le trapèze et les gadgets, comme les scooters Segway. A 31 ans, Larry Page aime sa petite amie, le patin à roulettes et les gadgets, comme un téléphone-collier à reconnaissance vocale. Mais surtout, Brin et Page, fondateurs du moteur de recherche sur l'Internet le plus utilisé au monde, Google, aiment défier la terre entière.

En annonçant jeudi qu'ils introduisaient une partie de leur capital en Bourse (Libération du 30 avril), en vue de tirer 2,7 milliards de dollars d'argent frais, ils ont rédigé une lettre pour expliquer à Wall Street qu'ils ne fallait pas trop compter sur eux pour suivre les règles du jeu habituel. «Google est une société non conventionnelle. Nous n'entendons pas le devenir», écrit Page, qui tient la plume du tandem. Google ne fera donc rien comme les autres : il n'y aura aucun tarif préférentiel pour les banques, les statuts verrouilleront le contrôle de la société, et Google entend même, crime de lèse-marché, s'affranchir de la dictature des bons résultats trimestriels.

«Don't be evil». La lettre est écrite dans un style étonnant. Les deux fondateurs brodent ainsi autour de leurs slogans maisons («don't be evil», «make the world better», «ne soyez pas diaboliques», «rendez-le monde meilleur») et s'emploient à expliquer aux financiers qu'il n'y a pas que l'argent dans la vie, et que leur compagnie, vieille de seulement six ans, compte faire «le bien de tous».

Depuis jeudi, la pla