Jeune cadre dans une compagnie d'assurances, Sophie, 30 ans, n'en revient toujours pas de sa naïveté. «Quand j'ai commencé à travailler il y a une dizaine d'années, je pensais que les femmes étaient solidaires, qu'elles s'entraidaient pour décrocher des postes à responsabilités. Eh bien, non ! Mes supérieures hiérarchiques n'ont jamais levé le petit doigt pour moi. Mais de quoi ont-elles donc peur ?» D'être mal vues par les hommes ? D'être soupçonnées de féminisme en nommant des femmes ? Alors que le monde du travail est inégalitaire, la solidarité féminine n'irait pas de soi.
Ingénieure à l'avenir prometteur, Carine travaille chez un équipementier automobile, un monde d'hommes. L'encadrement compte une DRH et une directrice du marketing. «Comme si j'étais sa copine, la responsable marketing s'adresse toujours à moi avec un large sourire, explique Carine. Elle ne me fait jamais une réflexion, mais en réunion, sabote toutes mes propositions en douce, remet en cause, l'air de rien, ce que je dis. Elle a plus de 50 ans, j'en ai 30, elle ne le supporte pas. Elle me voit en rivale.» Aujourd'hui, Carine préfère «travailler avec des hommes». Plus facile, plus direct, moins d'hypocrisie. Une écrasante majorité de femmes sont de son avis. Selon un sondage réalisé en novembre (1), 88 % des femmes disent préférer travailler pour un homme (contre 61 % des hommes). Seules 12 % disent banco pour une femme. Le principe de l'égalité des salaires est aussi mis à mal: 49 % des Françaises affir