Bruxelles, envoyé spécial.
Thierry Verdier est directeur du Département et laboratoire d'économie théorique et appliquée (Delta). A l'occasion de la Conférence annuelle de la Banque mondiale sur l'économie du développement, ouverte hier à Bruxelles, il relativise l'offre européenne d'abolir les subventions agricoles.
Que pensez-vous de la proposition de la Commission européenne ?
Cela va dans le bon sens. Mais est-ce suffisant pour réduire la pauvreté dans les pays du Sud ? Ce n'est pas automatique. Cela ne changera rien si les responsables politiques des pays riches ne sont pas capables d'imaginer des mécanismes de compensations crédibles au Sud... comme au Nord. Il faut déjà commencer par se donner les moyens d'accompagner la reconversion de nos agriculteurs et mettre en place un fonctionnement efficace et socialement responsable des marchés agricoles.
«Socialement responsable» ?
Les compensations au Nord doivent être en priorité destinées aux petits producteurs, à ceux qui risquent de souffrir le plus d'un arrêt des subventions à l'exportation. Il faut créer des opportunités pour les plus jeunes, imaginer des crédits pour valoriser les produits du terroir... Par ailleurs, ces aides, pour être efficaces, ne devront pas être couplées aux volumes de production. Elles devront être indépendantes.
Quel rapport avec les pays du Sud ?
Si on abandonne les subventions les plus iniques, on jette les bases d'un marché agricole exempt de dumping et de distorsions des prix. Mais ce n'est pas