Désunion européenne sur l'agriculture. Le ministre français, Hervé Gaymard, accuse la Commission européenne «d'outrepasser» son mandat. Cette dernière aurait commis une «faute tactique grave» en offrant «des concessions unilatérales». Elle aurait pris le risque, ajoute François Loos, ministre délégué au Commerce extérieur, de «fragiliser des intérêts majeurs». Qu'ont donc fait Pascal Lamy, commissaire au Commerce, et son homologue à l'Agriculture, Franz Fischler ? Une missive aux 147 membres de l'Organisation mondiale du commerce (OMC), dans laquelle ils proposent une élimination totale (et non plus progressive) des subventions agricoles aux exportations. Ces aides permettent actuellement à l'agrobusiness d'exporter à prix plancher sucre, céréales, viandes et produits laitiers au Sud. Qui fustige ce dumping.
Même si ces aides ont plongé en dix ans (de 10 milliards d'euros à 2,8 milliards), elles ont été la pomme de discorde lors du sommet de Cancun, en septembre 2003. Depuis, les négociations sur le cycle de Doha, lancé en 2001, végètent. Les pays du Sud conditionnent toute reprise de discussion à un préalable : la suppression des subventions qui créent le plus de distorsions. Critiqués pour leur position dogmatique et leur manque de «leadership» en la matière, Lamy (qui achève son mandat en octobre) et Fischler sortent donc leur joker. «On est prêt à mettre tout sur la table», sous réserve de réciprocité américaine, résume l'entourage de Lamy. Qui reconnaissait hier «que bou