D'abord il y a les discours. «L'Allemagne et la France ensemble pour plus de croissance en Europe», une initiative lancée en grande pompe le 19 septembre. Cela s'est poursuivi par de vibrants plaidoyers sur le thème : «Il faut multiplier la création d'entreprises franco-allemandes, surmonter les égoïsmes nationaux», selon les mots de Gerhard Schröder, lundi. Le troisième Conseil des ministres franco-allemand, qui se tient aujourd'hui à Paris en présence de la quasi-totalité des membres des deux gouvernements, poursuivra sur sa lancée. Mais dans la pratique la France et l'Allemagne en sont revenues à une politique du chacun pour soi.
C'est vrai en matière de pilotage macroéconomique. Les deux pays ont désormais deux visions diamétralement opposées du pacte de stabilité. L'Allemagne tourne le dos à la rigueur budgétaire et fait comme si la règle communautaire n'existait plus (Libération du 5 mai), tandis que la France veut toujours tenir l'objectif de revenir sous le seuil des 3 % de déficit budgétaire en 2005.
Mais c'est surtout en matière de coopération industrielle que le jeu de dupe franco-allemand est le plus savoureux. Des deux côtés du Rhin, chaque gouvernement en est réduit à des incantations appelant les industriels à se regrouper sur le mode d'EADS, le numéro 2 mondial de l'aéronautique, fusion miraculeusement réussie en 2000 entre le français Matra Aérospatiale, l'allemand Dasa et l'espagnol Casa. Un EADS du naval ? L'Allemagne n'en veut pas. Un EADS ferroviaire ? La