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Libération
Interview

Services publics, l'Europe s'y met enfin

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Pascal Lamy, commissaire européen au Commerce, commente le «livre blanc» adopté hier.
publié le 13 mai 2004 à 0h36
(mis à jour le 13 mai 2004 à 0h36)

Bruxelles (UE) de notre correspondant

Mieux vaut tard que jamais: la Commission européenne a officiellement admis, hier, que les services publics faisaient partie intégrante du «modèle européen de société». C'est tout simple mais cela va permettre de les mettre à l'abri des rigueurs de la politique de concurrence communautaire et de pérenniser leur financement par les Etats. Il s'agit d'un véritable aggiornamento après vingt ans de libéralisation tous azimuts. Certes, les services publics, ou plutôt les «services d'intérêt général», ont toujours été reconnus. Mais selon les libéraux, il fallait restreindre leurs champs d'application au maximum, le libre marché étant suffisant pour répondre aux attentes des citoyens. Comme l'admet à Libération Pascal Lamy, commissaire européen chargé du Commerce, mais aussi militant socialiste, le balancier a été trop loin. D'où le «livre blanc» adopté hier par la Commission, qui estime qu'il faut garantir, au niveau européen, l'existence des services publics.

Ce «livre blanc» marque-t-il un coup d'arrêt à la dérive libérale de l'Union ?

C'est beaucoup dire. La Commission pour la première fois prend position sur ce que doit être un statut des services d'intérêt général au niveau européen. Nous construisons un pont entre la situation actuelle, telle qu'elle ressort des traités et de la jurisprudence de la Cour de justice européenne, qui donne la primauté à la politique de concurrence, et ce qui se passera avec la nouvelle Consti