«Le baril de pétrole dépasse les 41 dollars parce qu'un consensus sur les marchés est en train de se former.» Il est 20 h 57, et le prix du baril a battu son record historique en clôture à New York, à 41,08 dollars, dépassant le sommet de 1990. C'est un économiste de l'une des plus grandes banques parisiennes qui parle... Son activité ? Décortiquer la moindre des déclarations, scruter le plus infime chiffre. Hier, aurait pu être une journée (presque) ordinaire. Jusqu'à ce qu'une dépêche s'affiche à 14 heures sur son écran Reuters. «Le président de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole a indiqué que les membres du cartel, "inquiets" de la flambée des prix, "devraient s'accorder" sur une hausse de la production lors d'une rencontre informelle le 21 mai à Amsterdam.»
D'habitude, une telle nouvelle colle au plus près de l'axiome économique suivant : plus la quantité d'un produit augmente sur le marché, plus son prix est susceptible de baisser. Mais voilà, le marché du pétrole est tout sauf ordinaire. Alors, illico, notre économiste fonce devant la centaine de traders de la salle de marché. Que leur a-t-il dit ? «Que l'Opep dit la même chose depuis des mois sans rien faire. Et il n'y a aucune raison qu'elle augmente ses quotas de production aujourd'hui.» Résultat, comme dans d'autres salles de marché, les traders se sont rué sur l'or noir. «Lorsque la situation est stable sur le marché pétrolier, le volume quotidien de pétrole échangé dans le monde est quatre fois supéri