Où va l'argent du pétrole, qui représente les trois quarts des revenus du Congo-Brazzaville ? C'est la question à laquelle tente de répondre la Fédération internationale des droits de l'homme (FIDH) dans un rapport consacré au Congo, et rendu public aujourd'hui (1). L'ONG, qui a enquêté sur place en février et octobre 2003, veut aussi montrer qu'il n'y a pas de fatalité de l'or noir. Au-delà du cas congolais, cette problématique se pose pour la plupart des producteurs africains de brut, généralement en proie aux affres de la guerre civile et à une pauvreté endémique.
Questions qui fâchent. Dirigé par un grand ami du Président Jacques Chirac, Denis Sassou Nguesso, le Congo n'échappe pas à la règle : 70 % de sa population vit en dessous du seuil de pauvreté ; les réseaux routiers et ferroviaires ne sont plus qu'un lointain souvenir des années de colonisation française ; le système de santé est quasiment inexistant dans un pays où l'espérance de vie ne dépasse pas 48 ans. Un constat d'autant plus choquant, affirme la FIDH, que le Congo n'est pas le Mali ou le Burkina Faso : exploités depuis les années 70, principalement par Elf, les gisements off-shore auraient dû lui permettre de décoller économiquement (actuellement le pays produit environ 250 000 barils par jour). Mais l'intérêt de ce rapport réside surtout dans la tentative de décryptage d'un système politico-économique on ne peut plus opaque, qui aboutit à l'enrichissement de quelques-uns au détriment de tous les autres. Un