L'avocat sénégalais Sidiki Kaba est président de la Fédération internationale des droits de l'homme (FIDH) et ses 120 ligues nationales associées. Il dénonce le scandale de la rente pétrolière au Congo-Brazzaville.
Quelle est la raison de cette «mal-gouvernance» du pétrole au Congo-Brazzaville ?
La corruption, la non-transparence et les choix politiques de la principale ressource du pays (80 % du budget 2002) sont pour beaucoup dans les guerres civiles et les crises qui secouent le pays depuis dix ans. Les autorités n'ont pas mis en place de politique pour diversifier leur économie et se sont placées dans un système de rente. Un système qui privilégie le clientélisme à l'intérêt général. Qui augmente l'aide aux forces spéciales mais baisse les budgets de la santé, de l'éducation, alors que l'espérance de vie est de 48 ans et que moins d'un tiers de la population a accès aux soins. Qui s'illustre par le blanchiment de capitaux et d'abus de biens sociaux, alors que 70 % de la population vit en dessous du seuil de pauvreté.
Zéro audit des compagnies privées, zéro amende pour pollution, bref, vous pointez le zéro transparence...
C'est accablant. On a pourtant consulté partis politiques, membres du gouvernement, société civile, entreprises. Beaucoup reconnaissent que les ressources ont non seulement été pillées mais aussi utilisées de façon scandaleuse. Le pays est-il l'un des plus endettés au monde (4 326 milliards de francs CFA en 2003 soit 6 603 milliards d'euros) ? Les bailleurs