Shanghai, envoyé spécial.
En surface, la démesure shanghaienne se porte bien. Le dernier lieu branché de la métropole chinoise porte une adresse prestigieuse : Three on the Bund, face aux gratte-ciel de la presqu'île de Pudong. Au rez-de-chaussée, la boutique Armani inaugurée le mois dernier par le maître italien lui-même, et à chaque étage un lieu de luxe : le Spa Evian, le restaurant du chef français Jean Georges, une galerie d'art contemporain, et, tout en haut, le restaurant New Heights, avec une vue exceptionnelle sur la ville...
Frénésie. Derrière cette façade brillante, et malgré une croissance à deux chiffres, l'inquiétude est bien présente. Wang Lily, une jeune femme agent immobilier, résume la situation : «Depuis le début du mois, plus personne n'achète d'appartement. Ça s'est arrêté net, du jour au lendemain.» Dans cette ville de près de 20 millions d'habitants, qui a construit plus de 2 000 tours de logements et de bureaux depuis le début des années 90, le baromètre de l'immobilier permet assurément de prendre la mesure du climat.
L'explication est simple : les mesures prises par le gouvernement central, à Pékin, pour freiner en douceur la surchauffe perceptible dans certains secteurs de l'économie, ont jeté un froid dans les provinces, et en particulier à Shanghai, où une frénésie spéculative a pris l'allure d'une dangereuse bulle prête à exploser. Pékin a demandé aux banques de resserrer le crédit et aux autorités locales de ne plus approuver de nouveaux projets,