A première vue, un accord heureux avec Mario Monti, le commissaire européen à la Concurrence, est un accord suspect. Celui-là, arraché après huit jours de négociation «de marchands de tapis», selon les mots d'un négociateur, permet surtout à chacune des parties de sortir du dossier Alstom la tête haute. Nicolas Sarkozy pourra retourner voir les salariés du groupe pour leur annoncer que le démantèlement a bien été sauvé in extremis, comme il s'était engagé à le faire. Et Mario Monti peut, lui, se féliciter d'avoir fait plier Paris sur un point difficile : tracer, noir sur blanc, la perspective de partenariats industriels entre Alstom et ses concurrents dans un horizon de quatre ans. Et donc ouvrir en tout cas sur le papier la porte à l'allemand Siemens. Voilà pour la forme.
Mais sur le fond, à quoi est-on arrivé ? «A une vraie bizarrerie», reconnaît volontiers un négociateur. Voilà un accord entre un Etat et la Commission européenne qui oblige une entreprise privée (dont l'Etat ne possédera, au final, qu'environ 20 %) à signer des «partenariats industriels». Or, par définition, l'Etat n'a ni le pouvoir ni les moyens de forcer Alstom à signer de tels accords stratégiques. Paradoxalement, cet accord fait comme si le groupe industriel français était devenu une entreprise publique détenue à 100 % par l'Etat. Etrange pour une Commission si scrupuleuse quant aux intérêts privés. Le fait est que la formulation est tellement lâche (le texte ne parle ni de cession ni d'échange capi