Moscou, de notre correspondante.
Cela fait presque un an maintenant que la justice russe a lancé l'assaut contre le premier groupe pétrolier du pays, Ioukos. Le dénouement de l'affaire n'est toujours pas en vue et son enlisement fait aujourd'hui planer des menaces sur l'économie russe tout entière. Le procès de son ancien patron, Mikhaïl Khodorkovski, doit s'ouvrir début juin (lire ci-contre). En fin de semaine dernière, Ioukos a fait dévisser la Bourse russe, en annonçant qu'il allait être obligé de se déclarer en faillite si le gouvernement Poutine s'obstinait à le persécuter. Et pour cause : avec son partenaire Sibneft, dont il n'est toujours pas officiellement séparé, Ioukos représente près de 25 % de l'indice de la Bourse de Moscou, le RTS. Depuis avril, Ioukos a chuté de 50 %, entraînant une baisse de 26 % de la Bourse russe, qui, sans cette affaire, aurait toutes les raisons d'être euphorique. Les prix du pétrole et des matières premières qui font la richesse de la Russie sont au plus haut. Les prévisions de croissance viennent encore d'être révisées à la hausse : le gouvernement vient d'annoncer qu'il prévoit une croissance de 6,4 % du PIB cette année.
Au moment où le baril de pétrole atteint un prix record, l'idée d'une faillite du premier pétrolier russe est particulièrement absurde. En 2003, Ioukos a été classé par le magazine Forbes comme l'entreprise la plus rentable de Russie, avec un profit de 2,49 milliards d'euros, pour un chiffre d'affaires de 8,90 milliards.