«Votre travail, c'est d'être collé au terrain», insiste Sophie Demeuzes, intervenante professionnelle. Face à elle, six élèves écoutent. Comme un écho aux paroles du prof, la salle de cours est implantée en banlieue parisienne, en plein coeur d'une zone commerciale, à Saint-Denis (Seine-Saint-Denis). Les cités et leurs habitants, c'est aussi un diplôme, comme cette formation sur la «connaissance des banlieues», dispensée par l'université Paris-VIII (1).
Ce jour-là, les élèves parlent de leur future vie professionnelle : l'une aimerait devenir responsable d'un service urbanisme, l'autre directeur d'un centre social. Travaillant en banlieue, Sophie et Magguy Cossin rassurent, motivent. «Tu es tout à fait capable de travailler dans un service d'urbanisme, explique Sophie. La technicité, ça s'apprend sur le terrain. Vous ne pouvez pas être des professionnels sur toutes les thématiques. Ce qui est important, c'est de prendre en compte la parole des gens. Et vous, contrairement à d'autres, vous n'avez pas peur d'aller dans les quartiers.» La tête de Karine, enserrée d'un tissu africain, fait un mouvement d'approbation. Comme elle, la plupart des étudiants vivent ou travaillent déjà dans des cités. Ils ont la pratique, mais la théorie leur manque. Karine vient ici compléter son expérience associative. Elle est animatrice dans une maison des jeunes à Noisy-le-Grand : «La maîtrise donne un cadre théorique à ma pratique de terrain. Ça me permet d'ouvrir les yeux sur le fonctionnement i