Alors que la croissance semble reprendre des couleurs, les économistes spécialistes de la conjoncture ont toujours le moral flageolant. L'indice synthétique du moral des conjoncturistes (Ismoc), calculé chaque mois par Libération, s'établit à 10,2/20 en mai, en léger recul par rapport à son niveau de 10,8 en avril. Depuis le début de l'année, il oscille entre 10 et 11 sans jamais décoller, traduisant les doutes sérieux des économistes quant à une embellie dans les mois à venir.
Les dix membres de notre panel ont pourtant révisé à la hausse leurs prévisions de croissance pour 2004 : la moyenne de leurs pronostics atteint 2 %, contre 1,7 % le mois dernier. Selon Philippe Waechter, de Banques populaires Asset Management, cette réévaluation est «purement mécanique» et découle des récentes annonces de l'Insee, qui a revu à la hausse les performances de l'économie française au second semestre 2003 et confirmé le bon résultat du premier trimestre 2004, avec 0,8 % de croissance. «Les trois premiers mois de l'année ont été nettement supérieurs à ce qu'on attendait, en consommation des ménages mais aussi en investissement des entreprises», indique Nicolas Claquin, du CCF.
Les économistes ne basculent pas pour autant dans l'optimisme, tant la reprise leur semble encore fragile. «Pour maintenir leur consommation, les Français ont puisé dans leur épargne», poursuit Nicolas Claquin, qui rappelle que le taux d'épargne des ménages a chuté de 17 % à un peu plus de 15 % en 2003. «Ce phénomène a