«C'est le milieu du disque et de la musique, alors midi, c'est encore un peu tôt», s'excuse Jacques Lefrançois, délégué CFDT chez EMI Music France. Pour leur première manifestation unitaire, les salariés des grandes maisons de disques couvraient le périmètre de la place du Palais-Royal, tout au plus 400 personnes. Première expérience de la revendication, dépucelage par la grève et les banderoles.
Ils sont arrivés doucement, se sont regroupés par enseignes. Ont crié un peu. Chanté aussi. Discuté surtout. «Cela fait huit ans que je travaille chez Universal, c'est la première fois que ça bouge un peu», explique Vincent, informaticien. «Qu'est ce qu'on écrit alors ? Je t'aime moi non plus ? Non à tout ?» Franck et Vincent, d'Universal, cherchent l'inspiration pour barbouiller un «slogan qui pète» sur leurs tee-shirts encore blancs, tout juste sortis de leur emballage plastique. Pas longs à se creuser la tête, la matière ne manque pas dans l'industrie musicale avec 15 % de baisse de son chiffre d'affaires et des licenciements en attente. Universal s'est séparé de 22 employés en début d'année. Pas de plan social en vue pour le moment mais, «petit à petit, ils en dégagent, déclare Franck, vigilant. On est là pour nos collègues de Warner surtout». C'est hier matin, dans leur boîte e-mail, que les employés de Warner ont appris qui allait monter dans la charrette des licenciés. Une erreur de manipulation informatique... «Le plan chez Warner a été signé mercredi dans la soirée, explique