Menu
Libération

«Une salade payée 25 centimes, vendue 1 euro»

Article réservé aux abonnés
publié le 3 juin 2004 à 0h54

Certains fournisseurs se rebiffent. Angélique Delahaye, maraîchère et fille de maraîchers au coeur de la Touraine, n'a «pas peur des représailles des grandes enseignes». Elue de la Fédération nationale des syndicats d'exploitants agricoles, volontaire et grande gueule, elle était hier reçue par les services du ministre des Finances pour préparer la table ronde.

«Moi, quand je sens qu'un directeur d'achat ou un chef de rayon va me demander si je peux lui trouver une location de vacances pour sa petite famille, je l'envoie balader. Je suis spécialisée dans la production de salades, concombres, céleris dorés et endives. Ma PME cultive 40 hectares, emploie plus de 40 salariés et réalise 3 millions d'euros de chiffre d'affaires, à plus de 70 % avec les grandes enseignes. Mais je trouve anormal que des salades vendues 1 euro pièce dans les hypers soient payées 25 centimes au producteur. En moyenne, les légumes sont vendus de deux à cinq fois le prix qu'ils nous sont payés.

«Mes derniers démêlés avec une grande enseigne tiennent dans quelques milliers de cartons que vient de me fournir Intermarché, l'un de mes gros clients. Intermarché souhaite que ses légumes lui soient désormais livrés dans ce packaging-là et pas un autre. Mais c'est moi qui dois payer la facture. Chaque carton me coûte 3 centimes d'euro de plus par salade. Sur une palette de 300 kg, ça fait mal.

«Dans notre cas, nos clients savent que les légumes sont ultrapérissables : ils en profitent pour nous faire lanterner le