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Libération

Fronde d'esthéticiennes dans un hammam parisien

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Des salariées menacées de licenciement pour s'être plaintes de leurs conditions de travail.
publié le 10 juin 2004 à 0h59

Vapeur, massages, thé à la menthe : dans le XIXe arrondissement de Paris, le Hammam Med Center est un endroit prisé par les jeunes bobos de l'Est parisien. C'est aussi un lieu de travail où six femmes, sur une vingtaine d'employés, sont en train d'être mises à la porte ­ deux le sont déjà. Milieu féminin par excellence, ce hammam est dirigé par un jeune gérant, Yacine Téraï. «Il ne nous disait jamais bonjour le matin, c'était tout de suite "fais ci, fais ça", explique Narjess, en procédure de licenciement. Si on discutait un ordre, il nous menaçait.» Alors que Narjess est embauchée comme esthéticienne, elle fait aussi le ménage, sert le thé à la menthe, prépare les salades en cuisine ou exécute quelques gommages dans la vapeur du hammam. «Le gérant ne supportait pas qu'entre deux rendez-vous d'esthétique, on ne fasse rien, dit Fatou, également esthéticienne. Il nous disait : "Je ne te paie pas à rien foutre." On était toujours sous pression.» Bonnes à tout faire, disent-elles.

Culotté. Personne n'ose remettre en cause l'autorité du gérant. Sauf une masseuse, de 54 ans. «Elle était plus âgée que nous, dit Fatou, 19 ans, elle connaissait ses droits et a commencé à réclamer pour nous toutes.» Elle est licenciée en mars. Une femme de ménage de 56 ans est également remerciée. Depuis, quatre autres jeunes femmes sont en instance de licenciement. Elles ont parlé au journal le Parisien et ont manifesté devant le hammam fin mai... «Elles ont dénigré l'entreprise, estime le gérant. Ell