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Libération

Julius, cuisinier marin, voit l'avenir à terre

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Depuis cinq ans chez Louis Dreyfus, il possède derrs «business» aux Philippines et prépare sa reconversion.
publié le 14 juin 2004 à 1h03

Dans les cuisines de l'Ile de Bréhat, Julius Caesar Pascual taille des patates cuites et des oeufs durs pour la salade de midi et s'amuse à glisser ses quelques connaissances de français : «Bonjouuur, que voulez-vous ? Poulet ou poisson, riz, frites ? Je connais un peu de français. Le français des cuisines.» Julius, 32 ans, travaille depuis cinq ans comme cuisinier chez Louis Dreyfus armateur. «Aux Philippines pour faire le même métier, je toucherais 5 dollars par jour.» Ici, il empoche environ 1 200 dollars par mois et se dit ravi de son poste, jusqu'au budget qui lui est alloué pour nourrir l'équipage. «J'ai 16 dollars par jour et par marin. Avant de travailler chez Louis Dreyfus, j'étais chez des Allemands qui comptaient 5 dollars, j'étais obligé de recycler la viande d'un jour sur l'autre.»

La localisation à Brest lui convient. «Avant, j'étais sur un navire sismique qui faisait de la prospection de pétrole au large de l'Erythrée. On est resté six mois à bord. C'est ce qu'il y a de plus dur. Sur un cargo, tu t'arrêtes régulièrement pour téléphoner à ta famille. Sur le sismique, tu n'as que le téléphone satellite, à 3 dollars la minute. Ici, je peux appeler tous les quinze jours.» Julius envoie quantité de mails et des salves quotidiennes de SMS à sa femme. Aux Philippines, Julius, issu de la classe moyenne (son père travaille dans l'administration) possède ­ à Makati, centre des affaires de Manille ­ un café Internet, un tabac et une clinique dentaire, où sa femme travaill