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Manille à bord

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Près d'un tiers des marins embarqués sur les navires marchands dans le monde sont philippins. Visite à bord de l'«Ile de Bréhat».
publié le 14 juin 2004 à 1h03

Brest, envoyé spécial.

Au bas de la passerelle, sur un quai de Brest, les valises ont été entassées. Sous le soleil matinal, treize marins philippins attendent un bus qui doit les conduire vers l'aéroport. Direction Manille ­ via Paris ­ quittée il y a six mois. Ceux-là ont fini leur contrat à bord de l'Ile de Bréhat, un navire de l'armateur français Louis Dreyfus (LDA). La veille, d'autres marins sont arrivés des Philippines pour prendre la relève. L'Ile de Bréhat, navire spécialisé dans la pose et la réparation de câbles sous-marins, est basé à Brest depuis fin décembre, et y demeurera pendant trois ans, ne quittant le port que pour aller réparer les câbles sous-marins au fond de l'Atlantique. Sur les cinquante marins à bord, vingt-huit Philippins, qui vivent en communauté. Ils ont pris des habitudes à l'Australien Pub. «Mais le cours de l'euro ­ les Philippins sont payés en dollars ­ est très défavorable. Pour les occasions, on achète une bouteille et on la boit à bord», dit Chico, 44 ans, qui a laissé à terre son boulot d'ingénieur logistique, et navigue depuis quatorze ans pour payer les études de ses filles. Dans un vestiaire, un billard à quatre trous a été bricolé, sur lequel a été gravé : «Made by philippines seamen». Les dimanches, Chico et ses collègues vont à la messe. «L'église est près du McDo.» «A bord, ça se passe bien. Ils sont ouverts, professionnels», explique un officier français, qui dit simplement ne pas partager leurs loisirs et leur passion du karaoké.