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Libération

Un secteur où vogue le libéralisme

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La marine marchande bénéficie d'avantages spécifiques, notamment sur les coûts de main-d'oeuvre.
publié le 14 juin 2004 à 1h03

Totalement libéralisée, ouverte à tous les dumpings sociaux, la marine marchande est sans doute un des seuls secteurs où, non contentes de pouvoir recruter à l'étranger, les entreprises européennes peuvent aussi payer les marins au tarif de leur pays d'origine ­ ce qui est interdit dans tout autre secteur d'activité (1). En 1987, sur le modèle de plusieurs autres pays européens, la France a adopté un «registre bis» (nommé Taaf, pour Terres australes et antarctiques françaises) : il offre aux armateurs la possibilité de naviguer sous pavillon tricolore sans être contraints de réserver l'emploi aux Français et sans être obligés de payer les étrangers comme leurs collègues hexagonaux. Le texte du Taaf prévoit un minimum de 35 % de navigants hexagonaux sur les navires ­ le décret de création du registre a été retoqué par le Conseil d'Etat, mais cette règle s'applique toujours, selon une convenance tacite entre syndicats et patrons.

La moitié des quelque 220 navires français bénéficient aujourd'hui des largesses du Taaf et embarquent donc des équipages mixtes. Parmi les plus gros armateurs français, Louis Dreyfus et CMA-CGM travaillent respectivement avec des Philippins et des Roumains. Mais 35 % de Français, c'est encore trop, et pas assez compétitif par rapport aux registres secondaires qui ont fleuri en Europe. Du moins à en croire un sénateur UMP, Henri de Richemont, qui a décidé d'aller plus loin. Mandaté par le gouvernement pour restaurer la compétitivité du pavillon hexagon